mardi 25 mars 2008

Martyre d’un bout de paysage

Quand ça dégèle, je trouve ça beau… Ça sent bon. Moi quand je dégèle, je trouve ça pauvre, je tourne en rond. Quand ça fleurit, je pense à Alice. Je pense à quel point elle doit s’emmerder à compter les bouts de vent et les gouttes qui pendouillent au nez des branches. Je me frotte le ventre. J’aime pas beaucoup quand ça dégèle, quand je dégèle, parce qu’on revient à une réalité qu’on avait oublié… Une réalité qui brûle d’envies, d’obsessions, qui brûle le bout de mes membres.

Quand les lacs qui jonchent nos chemins mal déneigés m’arrosent au passage d’une calèche, je déteste l’eau. Qu’on la boive toute, cette eau de malheur! Quand il n’en aura plus, on s’astinera pour de la poussière, aussi sèche soit-elle! « Ma poussière est plus sèche que la tienne », lanceront les multinationales de poussière! Mais moi, je serai morte. Morte d’avoir trop bu. Souffrez maintenant, petits êtres exécrables que vous avez été, souffrez! Mais ne venez pas vous plaindre! On aime beaucoup trop les lamentations…

Quand tu m’appelles, je trouve ça chaud. Moi quand je m’appelle, je trouve ça mauve, je ne tourne pas rond. Quand j’ai le goût que ça crame, comme en enfer, je pense à toi. Je pense à quel point j’ai envie de te faire souffrir. À quel point j’ai envie de pénétrer la lentille qui te protège les yeux… Combien je veux que tu te tortilles de haine et de vice envers moi et mes abricots… En ver, moyens mes habits tôt…

Quand le dernier flacon de cette merde blanche aura fondu, regardez le bien, parce que ce sera le dernier. Qu’on les réchauffe tous ces petits cristaux de froideur qui hantent les crevasses de mes lèvres chaque janviers! Qu’on déshabille la Terre et qu’on s’imprègne de l’odeur qui dégèle! Qu’on se déshabille à terre et qu’on beigne de l’autre qui s’essaye…

Il est temps que je dorme… La Reine ne m’aimera pas. Je suis désolée, mais je dégèle…

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