Ceux qui écrivent avec des notes vont tout comprendre. Les autres, un peu moins. Aujourd'hui, je me la joue en la mineur. Ça aurait pu être celle de fa. Mais fa cest le début de facile. Pi dans vie, y'a rien de vraiment mieux. La, c'est comme le début de lache, de lamentation. Ça joue en boucle dans ma tête. Je sens que ça va devenir chronique, machinal. Je regrette d'avoir manqué mon arpège. Pourtant, je suis bonne là dedans, sauter quelques notes! Ça sonne un peu déjà-vu, vous ne trouvez pas?
Comprends-tu quand je te dis que je dégénère? Que je me désagrège? J'aime l'effet que ça fait, l'incertitude que ça procure. Une bonne dose d'anorexie. Ça devient moins rose. Plus poumon. Comme ceux de mon arrière-grand-père qui me regardait au bout de sa pipe.
Ça se détraque, les minutes cessent de couler, on se regarde, mais tu n'as rien compris. Au bout du piano, je me laisse mourir.
J'ai envie de partir. Plus loin que sur une brosse ou sur un trip d'acide, question de mieux composer. Mais j'ai les mains liées dans le dos et ça m'empêche d'avancer, de jouer, de marcher. Je marche sur les mains pour déformer ma réalité. La tête sans dessus dessous. Je raccroche mon déchet. Je décroche en la mineur.
Je retourne m'asseoir à mon piano, les blanches tachées par mes doigts sales. Je ferme les yeux, un peu bredouille, un peu brouille. Je m'acharne à marteler chacune des notes de la gaffe du la mineur. Des fois, j’essaie de me faire rire. Je me dis que les touches blanches sont des dents et les noires des caries. Ou des dents pétées. Ça dépend si j'ai envie d'un petit ricanement ou d'une grosse émotion. Sinon, je vois ça comme c'est. Comme un piano qui me sille une gaffe en mineur depuis la nuit où j'aurais préféré avoir les yeux crevés. La crevaison s'aurait limité aux yeux. Mais comme mon piano n'a pas de yeux ni de poumons, je suis contente d'être simplement désaccordée...
2 commentaires:
J'aime ça, le filon. J'aime le décousu aussi, parfois, avec modération. Mais y'a toujours un risque de se perdre. Là, on se perd mais juste assez. On se perd en bonne compagnie.
C'est de loin, et de très loin, un des textes les plus vibrants que j'ai lu depuis longtemps !
Wow...!!!
Publier un commentaire